Exposition «Lux»

Lux est une exposition parcours de l’ombre vers la lumière qui présente tout un pannel de médiums allant de la terre à l’image numérique avec des dessins, pastels, peintures tempera et huiles sur toiles, des photographies et vidéos …dont une collaboration inédite avec Gustavbycoktail de création d’ images numériques, un cheminement mis en atmosphère lumière par Christian Gattepaille designer lumière.

Ce duo né de multiples collaboration à l’occasion des Batardises notamment propose un dialogue interactif entre les différents médiums.

 

 

Une expérience sensorielle lumineuse d’art contemporain. 

 

Christine Poupeau poursuit depuis une vingtaine d’années un travail où se croisent dessin, volumes, photographie, et une pratique de l’huile héritée de la Renaissance et des maîtres flamands. Un œuvre plurielle, qui pourtant se fait l’expression d’un univers profondément cohérent avec, pour centre de gravitation, la figure féminine. « Figure » : le mot est-il vraiment approprié ? Silhouettes fuyantes, regards détournés, quand les visages ne sont pas dissimulés : les femmes de Christine Poupeau sont comme entr’aperçues, figées dans des instants volés à leur insu. Des moments de rêverie, d’intimité, d’errance, de rage, d’oubli de soi. Leurs corps abandonnés, en torsion, ou voilés de cette brume infiniment délicate qui suggère le mouvement, sont insaisissables en dépit de l’extrême précision de l’exécution, proche de l’hyperréalisme. Ravies dans l’affirmation pure de leur énergie, ces vibrantes présences semblent finalement dire bien plus de l’âme que du corps. Comme si l’artiste parvenait à déceler le détail éloquent, l’imperceptible glissement de la démarche qui noue l’individualité de ces femmes. Pour arrêter le temps, à ce point exact où l’enveloppe charnelle trahit et dévoile l’essence, l’être inaltéré.

Cette dimension temporelle de la démarche de Christine Poupeau émerge avec limpidité de ses plus récents travaux, variations autour du prisme, du scintillement et du contre-jour. Contorsions, déambulations masquées, perspectives éclipsées. Les compositions tendent vers l’abstraction, comme leur sujet s’échappe, et laisse entrevoir qu’il était le prétexte, le point de départ de la quête d’une intimité universelle. Dans les lueurs chancelantes, les éclats évanescents cristallisés à la surface de la toile, on lit la mise en suspens de l’instant fugitif, la pérennisation de l’éphémère. L’artiste saisit les inconstances de la lumière, ses nuances volatiles quand elle joue avec le monde, avec les femmes encore, apparitions furtives mangées de soleil, jusqu’à disparaître. La sylphide s’efface, reste alors le chemin où l’on croirait pouvoir s’enfoncer à sa suite. Ce chemin, on le connaît : on l’a arpenté tant de fois, avant-hier ou demain. Peu importe où nous mène son échappée, le plus précieux se devine dans les recoins d’ombre qui la bordent, dans les rayons qui semblent nous aveugler et face auxquels, mécaniquement, on voudrait lever une main pour s’en protéger les yeux. Impénétrables, ces toiles qui dissimulent plus qu’elles ne montrent, entraînent le regard dans une exploration intériorisée. C’est avec patience que l’artiste mûrit ses huiles, tendant vers la plus grande justesse dans la représentation du réel ressenti, déplaçant son véritable propos dans le hors-champ du tableau : l’expérience vécue, le regard raconté. Devant ces fugaces éternités, capturées avec une admirable sensibilité, l’on voit s’ouvrir enfin une brèche où sonder l’épaisseur de l’instant. La parenthèse d’un souvenir intemporel. Et l’on y plonge pour oublier, à son tour, sa course frénétique à la poursuite du temps.

Daphné Bérard